Lovedoll : l’amour fou au Japon

Ce n’est plus un secret, de nombreux Japonais sont éperdument amoureux de leurs love doll. Suite à ce constat et à sa rencontre avec un collectionneur de love doll en 2004, Agnès Giard a voulu apporter certaines réponses aux questions qu’on peut se poser autour de ce phénomène.

Certains Japonais ne trouvent-ils véritablement aucun problème à préférer une poupée à une femme ?

Selon Agnès Giard, anthropologue, le recours à une love doll peut parfois s’expliquer par un sentiment de colère, d’impuissance et de problème avec le modèle de la réussite. Du point de vue de cette catégorie de personne considérée comme marginaux qui s’offrent des femmes synthétiques, il s'agit d’un suicide social.

La crise aidant, il n’est plus simple du tout d’arriver à fonder une famille ; cela demanderait des sacrifices énormes. Or, nous vivons aujourd’hui dans une société où les hommes ne souhaitent plus être des salariés exploités sans pitié ni les femmes de simples mères au foyer. S’offrir une lovedoll est donc devenu pour beaucoup, une manière de s’opposer à cette société qui rend malheureux. Ces poupées sexuelles font office de protestation face aux injonctions sociales qui astreigne un adulte à produire et à se reproduire.

Est-il possible d’aimer une love doll sans nuire à l’humanisme des relations avec autrui ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces poupées ne déshumaniseraient pas davantage les hommes. Elles les aideraient plutôt à sortir de la solitude. Les utilisateurs peuvent s’en servir afin de créer des liens avec d’autres utilisateurs et de là, construise ensemble une identité positive. Ces poupées leur permettent notamment de se défendre face aux a priori sur les soi-disant « loosers ».

Pour eux, une love doll est un moyen d’aller contre les normes sociales jugées trop rigides, un moyen de rêver, de se réparer, de se réinventer, etc.

Pourquoi les hommes sont autant attirés par les objets ?

Les objets ont tout autant d’importance que le langage pour s’exprimer, montré qui nous sommes ou ce que nous souhaitons. Ils sont inhérents à l’existence des relations sociales. L’ensemble des objets autour de nous (accessoires, vêtements, gadgets…) reflètent nos identités, nos espoirs ainsi que nos émotions.