Se pourrait-il que les sextoys aient une âme ? Les poupées sexuelles pourraient-elles être dotées d’un esprit ? Serait-il possible de trouver le moyen d’améliorer une relation dans les rayons d’un sexshop ? On pourrait donc se demander quelle place occupe l’animisme dans notre sexualité (si elle en a une). On vous en dit plus au sein de cet article.
Les poupées ont-elles une âme ?
Formulée de cette manière, la problématique peut poser problème. Cependant, au Japon, cette interrogation est loin d’être ironique. C’est d’ailleurs ce sur quoi s’est penchée Agnès Giard, une anthropologue et journaliste à Libération. Au sein d’un livre "Un désir humain" paru il y a quelques années, elle explique de quelle façon au Japon, les poupées sexuelles prennent vie.
Il faut savoir qu’au Japon les poupées sexuelles sont extrêmement sophistiquées ; bien loin des poupées gonflables que l’on retrouve ailleurs. Il s’agit de poupées en silicone, articulées grâce à une ossature en métal. Elles ont en tout point une apparence humaine et coûtent des milliers d’euros.
Pour leurs propriétaires, il s’agit bien plus que de simples objets de plaisir. Ils vivent avec comme avec de vraies compagnes, passant du temps avec, leurs changeant de vêtements… Ils finissent par en tomber amoureux et connaissent l’ascenseur émotionnel comme dans une vraie relation amoureuse. C’est de là que provient le nom de lovedoll attribué aux poupées sexuelles au Japon puisqu’elles sont finalement des poupées d’amour et non plus que des sexdolls.
Ainsi, de vrais liens se créent entre la poupée et son propriétaire. On pourrait considérer qu’elles ont une âme, puisqu’elles ne sont pas inertes et représentent quelque chose pour leurs propriétaires.
D’où provient cette impression de "vivant" chez les poupées sexuelles ?
Au pays du soleil levant, le rapport aux objets différents, mais cela n’explique pas tout. La relation que ces derniers développent avec les poupées sexuelles est également due à la manière dont celles-ci sont conçues. Elles sont réalisées avec un visage asymétrique de manière à ce qu’en fonction de la lumière, elles reflètent des émotions différentes.
En ce qui concerne leurs yeux, ils sont faits de sorte à ne jamais pouvoir capter leur regard. Cela est possible grâce à un petit strabisme volontairement créé afin de donner l’impression que la poupée pense à autre chose. On peut ensuite expliquer le fait que les poupées sexuelles prennent d’autres dimensions par le fait que de par leur apparence, elles offrent la possibilité de projeter tous les fantasmes possibles.
Qu’en est-il à travers le monde ?
Bien que cet état de choses ne s’observe principalement qu’au Japon, le reste du monde n’en est pas loin. Il y a un certain nombre d’années, il était inconcevable d’avoir une relation avec une machine ou même d’en tomber amoureux. Cependant, aujourd’hui cela n’a plus rien de tabou et des milliers de personnes s’amourachent de compagnons non humains.
Cela va bien au-delà des sexdolls et peut être des hologrammes, des applications de conversations ou des personnages de jeux vidéo. Toutefois, la censure limite encore certains rapports notamment érotiques. Bien entendu, on est conscient que le fait qu’il y ait une demande signifie forcément qu’une offre s’est créée.
Aux États-Unis par exemple, plus de 50% des hommes interrogés affirmaient qu’ils pourraient sans problème avoir une relation érotique avec un robot ou même en tomber amoureux. Il en est à peu près de même en France. Ce pourcentage semble dépasser l’entendement, mais on pourrait y voir là un certain sens de l’adaptation.
Au regard du phénomène de solitude qui touche les sociétés occidentales, les partenaires robotiques, virtuels ou algorithmiques au même titre que les sextoys comblent le trou sous le drap. Sous un autre angle, ces interactions considérées comme non humaines seraient le socle pour réinventer les liens entre humains afin d’aboutir à plus d’empathie et de partage.